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La cogénération se meurt ; vive la cogénération !
Publié le:  15 mai 2012

A Gardanne, la cogénération de 90 MW électriques de Rio Tinto Alcan va être arrêtée et démantelée. Idem près de Nancy pour l’installation de 45 MWe de Salins du Midi. Et sur le site de Michelin à Bassens en Aquitaine, on va aussi stopper 25 MWe.

Tous ces arrêts révèlent l’impasse dans laquelle les cogénérateurs ayant des machines de plus de 12 MWe se trouvent. Ils ne peuvent pas bénéficier de tarifs d’achat après rénovation, comme c’est le cas pour les installations de moins de 12 MWe (voir notre dossier dans Énergie Plus n°478), et les conditions de marché ne sont pas viables : le coût du gaz à l’achat est haut tandis que le prix de l’électricité à la vente est plutôt bas.

Dans le sillage de la loi Nome, la création d’un marché de capacité rémunérant la disponibilité des moyens de production de pointe doit permettre aux cogénérations n’étant plus sous obligation d’achat de trouver un nouveau débouché, très légitime pour elles vu la réactivité dont elles peuvent faire preuve et vu leur décentralisation, qui soulage le réseau électrique en différents points du territoire. suite

Comme ce marché de capacité ne doit voir le jour qu’à l’horizon de l’hiver 2015-2016, un mécanisme transitoire d’appel à projets devait être rapidement mis en place par décret.

Malheureusement, ce texte est mis à mal par les fournisseurs d’énergie, car il leur imposerait de rémunérer les cogénérateurs dès 2013 pour les futures capacités mises à disposition. L’Autorité de la concurrence et la Commission de régulation de l’énergie ont emboîté le pas en arguant que ce mécanisme fragiliserait les fournisseurs alternatifs. La CRE demande donc la suppression de l’appel à projets.

Les pouvoirs publics doivent clarifier leur position*. Soit ils ne veulent pas soutenir la cogénération et alors assumer d’être à contre-courant du mouvement européen en faveur de cette technologie. Soit ils reconnaissent ses vertus (disponibilité, rendement élevé, soutien au réseau, moindres émissions de CO2) et s’engagent à participer à son développement. Si le système de l’appel à projets s’avère trop compliqué à monter, alors il suffirait de revenir à la proposition des professionnels : financer par la CSPE une prime annuelle de capacité transitoire de 45 €/kW dont le coût, estimé à 75 M€/an, serait compensé par la baisse des obligations d’achat.

Stéphane SIGNORET

Rédacteur en Chef

Editorial publié dans la revue ENERGIE PLUS n°486 du 15 mai 2012

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* Les professionnels de l’ATEE, la Fedene et l’Uniden ont d’ailleurs envoyé un courrier à la DGEC en ce sens le 19 avril.

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