Le milieu des énergies renouvelables en France, porté par un essor parfois chaotique mais réel, cherche à fédérer ses professionnels. Juste démarche qui a fait ressurgir au début de l’été une question de fond : faut-il une seule organisation regroupant tout le monde ou bien différentes structures, une pour chaque EnR ?
Le sens de l’histoire semble pencher pour la deuxième solution. Pourtant le Syndicat des énergies renouvelables (SER) qui s’est constitué en 1993 avec la volonté de représenter tous les secteurs, dispose déjà de douze commissions* et milite pour une entité unique. « Les EnR ne sont pas assez fortes en France pour avoir l’autonomie de chaque filière. La dispersion est préjudiciable ; il y a un réel besoin de synergie multi-filières », argue Jean-Louis-Bal, Président du SER.
Mais les structures restent nombreuses : le Club Biogaz de l’ATEE pour les professionnels de la méthanisation, le CIBE pour ceux du bois-énergie, l’AFPG pour la géothermie qui a été créée en juin 2010, Enerplan qui existe depuis 1983, etc. Et désormais France Énergie Éolienne (FEE), qui avait rejoint le SER en 2005, a repris son indépendance début juillet. « Le SER souhaitait que FEE soit absorbée au sein du Syndicat, confie Frédéric Lanoë, Président de la commission Communication de FEE. Cela nous a paru anachronique ; à un moment où la filière éolienne est mature, avec 7 000 MW installés, ses professionnels doivent être clairement identifiés et regroupés, pour défendre leur ambition de porter la production éolienne à 25 % du mix électrique en France et multiplier les emplois de la filière par 10. » À l’origine de ce problème de gouvernance, un point de vue divergent sur la politique industrielle qui doit être conduite en France, notamment à l’occasion de l’appel d’offres offshore, et le dépôt par FEE, contre l’avis du SER, d’un recours contentieux concernant l’ICPE.
Le verdict des adhésions
FEE et le SER n’ont donc pas renouvelé la convention qui les liait.
En conséquence, FEE étoffe ses équipes, investit de nouveaux locaux et espère que ses 250 adhérents, qui ont voté ce choix d’indépendance, renouvelleront leur adhésion en 2013 !
Du côté du SER, on relativise : la Commission Éolienne dont l’élection est prévue fin septembre va se réorganiser. Selon Jean-Louis Bal, « le poids de l’industrie sera plus grand, car des grands acteurs industriels font le choix de rester au SER, comme Alstom, EADS, EDF EN, GDF Suez… » Là aussi, on verra réellement où sont allées les entreprises en 2013.
En tous cas, l’éolien ayant subi un ralentissement depuis plusieurs mois, la priorité est que plusieurs mesures d’urgence doivent être obtenues rapidement comme la suppression de la règle des 5 mâts minimum, une baisse des délais d’instruction, etc. Il faut aussi anticiper le fait que le tarif d’achat est dans l’attente d’un jugement de l’UE : la France devrait notifier sans attendre qu’il s’agit une aide d’État. Les deux entités vont agir pour avancer sur ces points et chacune fera le bilan lors de son colloque respectif, le 18 octobre à Paris pour FEE et les 13 et 14 décembre à Nantes pour le SER.
Article publié dans la revue ENERGIE PLUS n°491 du 15 septembre 2012
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