Malgré les efforts des Japonais pour diminuer les hausses de température et de pression dans les enceintes de confinement, et éviter l’irréparable et dangereuse fusion des combustibles, force est de constater que la radioactivité n’est plus contenue. Elle s’échappe, mettant en danger la vie de ceux qui travaillent à proximité et exposant la population de toute la région à une contamination en iode 131 et 132, en césium 134 et 137, voire en d’autres radionucléides*.
L’enchaînement d’événements conduisant à un accident nucléaire interroge la France et sa filière. Certes, nos réacteurs ne sont pas à eau bouillante comme ceux de Fukushima, certes nous ne sommes pas près d’une grande faille sismique, certes nos “champions” nationaux ont un savoir-faire et une expérience uniques au monde (on l’espère). Néanmoins, on ne peut pas faire l’économie d’une exigence élevée pour que soient assurées la sûreté et la sécurité de nos sites nucléaires. En particulier, il est impératif de sérieusement étudier le prolongement de la durée de vie des centrales, quitte à ne pas l’autoriser, car c’est une source de risques supplémentaires comme c’est apparemment le cas à Fukushima. Les travaux de l’ASN et les tests prévus par l’Union européenne devraient aller en ce sens.
Le débat est à mettre sur la place publique afin de discuter le choix du nucléaire (ou tout au moins sa part dans notre production électrique) et de reconnaître ses risques collectivement. Il est souhaitable que la conférence nationale envisagée par Christine Lagarde en début d’année donne l’occasion de ce débat afin d’identifier, spécialement grâce aux économies d’énergie, les moyens de faire baisser la probabilité d’un accident nucléaire en France.
Stéphane Signoret, Rédacteur en Chef d'ENERGIE PLUS
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* La Criirad estime probable qu’il y ait aussi du krypton 85, du xénon 133, du tritium, du tellure 132… et s’interroge sur la présence de transuraniens (plutonium 238, 239 ou 240, américium 241).