Energie plus
Home
Menu
Bois énergie et chauffage urbain : retour d'expérience à AUTUN
Publié le:  13 septembre 2001

La chaufferie urbaine au bois d'Autun, mise en service en 1999, a permis de concilier réduction des charges pour l'usager et respect de l'environnement.

La ville d'Autun (Saône-et-Loire) a toutes les raisons d'être satisfaite de sa chaufferie urbaine au bois. Celle-ci participe en effet à l'élimination d'une partie des écorces de chêne générées par les scieries de Bourgogne (16 000 tonnes valorisées sur les 25 000 tonnes produites chaque année) et pour lesquelles n'existait jusqu'alors aucun débouché. Le bois, en se substituant à hauteur de 70% au fioul lourd, a ensuite permis d'améliorer sensiblement la qualité de l'air en ville. Quatre emplois ont aussi été créés : l'un par l'exploitant, les trois autres par la société en charge de la fourniture du bois combustible. Et, cerise sur le gâteau, les charges de chauffage et d'eau chaude sanitaire des usagers du chauffage urbain ont été réduites, et rendues moins dépendantes des fluctuations du prix des énergies fossiles.

L'histoire commence en 1998 alors que la municipalité, dans le cadre de la rénovation de son chauffage urbain, décide de botter le fioul lourd en touche et d'opter pour le bois. L'investissement consenti atteint 35 MF, dont 14 MF pour la chaufferie bois, aidé par des subventions allouées par l'ADEME, la région Bourgogne et le fonds européen FEDER pour un montant total de 12 MF. Une société, réunissant quatre grandes scieries de Bourgogne et une entreprise en charge de la collecte, du stockage et de la livraison de bois, est alors créée pour commercialiser le bois vendu au chauffage urbain d'Autun. Baptisée BEB (pour Bois Energie Bourgogne), cette société s'est engagée à fournir pendant 24 ans 18 000 tonnes par an d'un combustible composé d'écorces de chêne, de sciures et de chutes en provenance des scieries. L'exploitant de la chaufferie a par ailleurs obtenu l'autorisation de la DRIRE d'utiliser en complément, si cela s'avérait nécessaire, 3 500 tonnes par an de DIB non traités.

Le temps de trouver ses marques
Le bois est brûlé depuis février 1999 dans une chaudière de fabrication finlandaise et de puissance 8 MW. Le fonctionnement de la chaufferie a été quelque peu chaotique au cours des deux premières saisons de chauffe. Ainsi, le taux de disponibilité de la chaudière n'a été que de 70% au cours de l'exercice 1999/2000.

Des dépôts de silice se sont tout d'abord accumulés dans la chaudière. Un phénomène propre au mode d'exploitation des arbres en France. Contrairement aux pays scandinaves, les arbres sont en effet tirés au sol avant d'être chargés sur camion. Il en résulte une forte accumulation de terre et de silice dans les écorces. Silice qui, entraînée par les gaz de combustion, s'accumule ensuite sur les parois de la chambre de post-combustion. La maintenance s'en trouve sensiblement compliquée puisqu'il est dès lors nécessaire d'arrêter la chaudière tous les deux mois, et ce pour une durée minimale de quinze jours, afin d'enlever les 4 tonnes de silice déposés sur les parois du foyer de post-combustion. Pour éviter ces dépôts, un ramoneur rétractable a été installé en septembre 2000 dans la chambre de post-combustion. Deux ramonages par jour d'une durée de trois minutes sont depuis effectués à l'air comprimé sous 5 bars. Ce qui a permis, indique l'exploitant de la chaufferie, de faire disparaître toute trace de silice dans le foyer de post-combustion.

Des incidents sont aussi intervenus sur la vis d'alimentation de la chaudière par suite de la présence, dans les écorces, de morceaux de bois de taille supérieure à la norme fixée (30x10 cm) ou de cailloux. Pour éviter que de tels produits hors normes (types gros morceaux de bois ou cailloux) échappent à la vigilance des équipes de BEB et du chauffage urbain, une étude est actuellement en cours pour installer un trieur à disque à l'entrée de la trémie d'alimentation de la chaudière.

Hormis ces deux aléas, indépendants de l'exploitant, la chaudière donne entière satisfaction tant sur le plan du rendement, avec une moyenne d'exploitation de 78%, que des émissions atmosphériques : rejets de SO2 nuls, rejets de NOx inférieurs à 250 mg/Nm3 et poussières inférieures à 37 mg/Nm3. La bonne gestion environnementale du site a d'ailleurs été récompensé par l'obtention de la certification ISO 14001. La substitution du fioul lourd par le bois énergie a aussi permis de réaliser des économies sur les factures de chauffage et d'eau chaude sanitaire. Les usagers du chauffage urbain ont ainsi bénéficié d'une baisse de 16% de leurs charges. Bref, une énergie tout à la fois plus respectueuse de l'environnement et moins chère à l'usage.

Article réalisé à partir d'un document rédigé par Georges Gambut, membre du groupe Rhône-Alpes et de la Commission interprofessionnelle bois-énergie ATEE
Article publié dans ENERGIE PLUS n°271 du 15 septembre 2001.

© 2001 ATEE – ENERGIE PLUS - Tous droits réservés


retour rubrique TECHNIQUES BOIS ENERGIE
retour sommaire du dossier dans ARCHIVES 2001
retour à LA UNE